Culture

L’image de Draymond Green comme un homme noir en colère est-elle exagérée par les médias ?

Une réputation qui le précède déjà

Dans l’univers de la NBA, une fois que la phase des playoffs est engagée, il n’ex existe plus de certitudes, tout peut arriver. Théoriquement, chaque équipe possède la possibilité de décrocher le titre, et c’est précisément cette espoir qui anime Draymond Green, joueur emblématique des Golden State Warriors. L’intensité avec laquelle cet ancien défenseur de l’année joue est alimentée par cette possibilité d’accéder au sommet. Sur le papier, cette détermination force le respect et s’apprécie sans réserve. Cependant, ce même enthousiasme peut parfois basculer dans des comportements imprudents ou agressifs sur le terrain.

Lors de l’une de ses récentes infractions, Green a perçu une faute technique qui a été vivement critiquée, notamment par le joueur lui-même. Certains observateurs pensent que cette faute ne portait pas suffisamment d’intention de nuire pour être considérée comme une faute flagrante de premier degré. Sur la vidéo, on voit clairement la scène et il est évident que certains juges n’ont pas considéré la faute comme intentionnelle ou violemment délibérée.

Ce qui distingue toutefois la conduite de Green, c’est sa tendance à faire preuve de négligence ou de rude attitude, parfois dangereuse, lorsqu’il évolue sur le parquet. Le quadruple champion NBA a construit sa réputation en adoptant un style de jeu très agressif, allant parfois au-delà des limites acceptables. Il a été impliqué dans plusieurs incidents où il a infligé des coups de pied bas à certains adversaires, ou encore en a étranglé l’un d’eux — Rudy Gobert durant un match, par exemple — ou encore, plus violemment, a écrasé le sternum de Domantas Sabonis lors d’un autre affrontement. Après ces coups, Green réagit comme si de rien n’était, affichant une nonchalance déconcertante, évoquant l’attitude d’un vilain des années 1980 comme Ric Flair. Son comportement laissent souvent perplexes, voire indifférents dans une certaine mesure, dans le show qu’il joue.

La réputation de Green n’a clairement pas fait que des amis

Ce que je viens de décrire n’est qu’un aperçu, à vrai dire, la partie émergée de l’iceberg. Mais Green a souvent utilisé ses différends avec la discipline pour tenter de modeler son image. Après une récente demande d’explication pour son comportement lors d’un match à Minnesota, Green a profité de l’occasion pour déclarer qu’il ne voulait pas être perçu comme un « homme noir en colère ». Après avoir choisi de ne pas s’adresser aux médias ce soir-là, il a tout de même lancé une petite diatribe destinée à manipuler le récit. De nombreux joueurs essaient de contrôler leur image dans cette ère médiatique — une démarche digne de louanges dans certains cas, mais qui peut aussi apparaître comme une tentative de manipulation subtile. En référence à cette stratégie, on pourrait citer les mots de Katt Williams, « Tu sais que je peux te voir ? », qui soulignent la transparence de ces gestions de narratif.

Le problème avec cette déclaration, c’est qu’on n’a jamais vu Green véritablement dépeint comme un homme noir en colère dans les médias nationaux. Pourquoi, alors, ce serait lui qui en serait l’incarnation ? La réalité est plutôt qu’il existe une liste très longue d’incidents où Green a dépassé les bornes, même si ces faits ont parfois été minimisés ou interprétés différemment. La vidéo précédente montre aussi une certaine tolérance de la part des arbitres, qui laissent Green s’exprimer verbale­ment sans interruption ou sans l’avertir immédiatement. Il peut crier, insulter, sans craindre une double correction technique dans la majorité des cas. D’une part, cela s’explique par la volonté des arbitres de préserver l’intégrité du jeu, sachant à quel point Green est essentiel à la réussite des Warriors. D’autre part, il n’est pas exagéré de penser qu’il bénéficie d’un traitement un peu plus indulgent que la majorité de ses coéquipiers ou même d’autres stars de la ligue, à l’image de LeBron James.

Pour moi, la déclaration de Green manque de fondement

Ce qui m’irrite dans cette affaire, c’est que beaucoup d’hommes noirs sont réellement victimes d’accusations injustes au quotidien. Ils mériteraient la même clémence en matière de sanctions. Mais en ce qui concerne Green, il faut reconnaître qu’il s’est construit une réputation d’un joueur combatif, doté d’une grande intelligence tactique sur le terrain. Sa légitimité dans ce sport est indiscutable. Cependant, sa tonalité immature et impulsive, ses excès et ses gesticulations laissent une trace indélébile dans l’histoire de ses exploits. Bien que ses performances et ses qualités de défenseur soient souvent soulignées, ses antécédents en matière de fautes et d’aggressions restent une constante. La question est : pense-t-il vraiment qu’il pourrait faire plus pour son équipe en adoptant une attitude plus posée ? Il est évident que oui, mais cela implique de faire preuve de davantage d’humilité. Sans cela, sa réputation de fouineur de conflit et de provocateur restera gravée dans la mémoire collective, bien qu’il soit indéniable que son impact positif peut parfois surpasser ses excès.

Aminata Joly

Aminata Joly

Journaliste française, née au Congo, je m’intéresse aux dynamiques sociales, culturelles et politiques qui traversent les communautés noires, en France et ailleurs. À travers mes articles, je cherche à questionner les récits dominants et à mettre en lumière des voix souvent marginalisées. Mon travail s’inscrit dans une démarche engagée, documentée et résolument antiraciste.