Alors que les Républicains mènent des réorganisations des circonscriptions selon des lignes partisanes, le nouveau tracé du Congrès en Caroline du Nord est accusé de viser les démocrates et d’affaiblir le poids des électeurs noirs. Un dirigeant des droits civiques a qualifié ce redécoupage des limites du district comme un « racisme chirurgical », destiné à évincer le seul membre noir de l’État au Parlement.
Les Républicains redessinent la carte pour basculer un district fortement noir
La Chambre des représentants de Caroline du Nord, contrôlée par les Républicains, a adopté un nouveau tracé des circonscriptions fédérales, dans l’espoir d’ajouter un siège au parti au pouvoir parmi les dix sièges sur quatorze déjà détenus par les Républicains. Le nouveau district n°1 est redessiné: il intègre davantage de zones conservatrices et devrait probablement basculer en faveur des Républicains. Le démembrement des districts, entériné après des pratiques partisanes antérieures, est présenté comme une manœuvre visant à optimiser l’avantage républicain et à promouvoir l’agenda de Donald Trump.
Le porte-parole du groupe parlementaire républicain, Destin Hall, a déclaré dans un communiqué: « Le président Trump a obtenu un mandat clair des électeurs de Caroline du Nord et du reste du pays; nous avons l’intention de le défendre en ajoutant un siège fédéral républicain. »
Le redécoupage républicain est un exemple de « racisme chirurgical »
Le parti républicain de Caroline du Nord est critiqué pour les dimensions éthiques et raciales explicitement visibles de ce redécoupage, comme le rapporte The Grio. Depuis 1992, le 1er district est représenté par un élu noir, et c’est notamment le cas du député en exercice Don Davis, qui a réagi au réarrangement de son district en décrivant le processus comme « l’un des moments les plus sombres de l’histoire de notre État » et qualifiant l’effort de redécoupage de « moralement répréhensible sur tous les plans ».
D’autres ont été plus directs dans leurs reproches, dénonçant une réduction du pouvoir des électeurs noirs.
« Nous avons vu ce même schéma par le passé », a déclaré l’évêque William Barber, co-leader de la Poor People’s Campaign. « C’est ce que j’appelle un racisme chirurgical, pratiqué avec une précision chirurgicale — l’usage du redécoupage et des lois électorales pour diviser, diminuer et nier. Mais la vérité est simple: lorsque vous volez la représentation d’un peuple, vous volez aussi ses soins de santé, ses salaires et son avenir », a poursuivi Barber.
GOP et Cour suprême mettent en avant une tendance de gerrymandering partisan et racial
Le mouvement en Caroline du Nord s’inscrit dans une dynamique plus vaste et partisan, qui peut aussi s’avérer discriminatoire, en faveur du réarrangement des divisions électorales. Encouragés en partie par l’administration fédérale, le Texas a redessiné ses cartes pour créer plusieurs districts favorables au GOP, ce qui a déclenché une vague de réorganisations similaires dans d’autres États gouvernés par les Républicains. Quelques États dirigés par les démocrates, notamment la Californie, ont pris des mesures pour contrer ces initiatives républicaines. Toutefois, le contrôle accaparé par le GOP sur un nombre croissant d’États lui confère un avantage global dans ce mouvement de redrawings. Cette pratique partisan peut s’aggraver et devenir plus ostensiblement raciste, alors que la Cour suprême semble prête à éroder la partie de la Loi sur les droits de vote de 1965 qui protège les minorités contre la dilution de leur pouvoir de vote en les répartissant entre des circonscriptions à majorité blanche.
L’administration Trump, des législateurs républicains et une Cour suprême dominée par les conservateurs semblent tous disposés à permettre au GOP de tracer des cartes qui défavorisent les démocrates en général et les électeurs noirs en particulier. Alors que cette dynamique semble sans fin, l’élimination d’un district dominé par des électeurs noirs en Caroline du Nord pourrait annoncer les évolutions à venir, alors que les Républicains renforcent leur emprise sur le pouvoir législatif.





