Vue d’ensemble : La gestion de Donald Trump a récemment divulgué des données personnelles de millions d’inscrits au programme Medicaid, notamment leur situation d’immigration, à des responsables chargés des déportations, selon les informations révélées par l’Associated Press. Ces informations ont été obtenues auprès de plusieurs États, notamment la Californie, l’Illinois, l’État de Washington et la district de Columbia. Ces actions ont déclenché une vague de protestations tant au niveau local que national. La Californie a porté plainte contre l’administration Trump concernant le déploiement de la Garde nationale et a également proposé de suspendre l’inscription de nouveaux bénéficiaires, ainsi que d’instaurer des primes, dans le but d’économiser plus de 5 milliards de dollars pour l’État.
Ce week-end, l’administration du président Donald Trump a communiqué des données personnelles concernant des millions d’inscrits au Medicaid, y compris leur statut d’immigration, à des agents chargés des déportations, selon le rapport de l’Associated Press (AP), qui a été le premier à révéler cette information. L’AP a obtenu un mémo interne ainsi que des échanges de courriels indiquant que, malgré une tentative de la part des responsables du Medicaid pour empêcher cette transmission de données, ces efforts n’ont pas abouti. La base de données sensibles a été ainsi transmise au Département de la Sécurité intérieure (DHS).
Gavin Newsom, gouverneur de Californie, a exprimé son indignation dans un communiqué : « Le fait de partager les informations sur les bénéficiaires du Medicaid avec le Département de la Sécurité intérieure – ce qui est lui-même légalement contestable – met en danger la sécurité, la santé et la protection des personnes qui seront sans aucun doute ciblées par cette abuse. » Il a ajouté : « La législation fédérale impose que tout le monde, quelles que soient leur situation migratoire, reçoive des soins d’urgence pour sauver des vies. De plus, le gouvernement fédéral participe financièrement à ces soins pour les populations à faible revenu. »
Selon l’AP, cette base de données comprenait des informations relatives à des personnes résidant en Californie, dans l’Illinois, dans l’État de Washington, ainsi qu’à Washington, D.C. Tous ces États offrent la possibilité à leurs résidents éligibles de s’inscrire, indépendamment de leur statut d’immigration. Aucune précision n’a été fournie sur la façon dont ces données allaient être utilisées.
Sarah Somers, directrice juridique du National Health Law Program (NHeLP), a dénoncé cette démarche : « En termes simples, nos lois garantissent que les personnes inscrites au Medicaid peuvent avoir confiance en la confidentialité de leurs renseignements personnels et médicaux. Partager ces données avec ceux qui prennent des mesures contre les immigrés est une nouvelle illustration de la manière dont cette administration ignore les protections juridiques fondamentales. » Elle a souligné que ce type de partage risque fort de provoquer des déportations, de séparer des familles, ainsi que d’instaurer un climat de crainte dissuadant les personnes éligibles à s’inscrire ou à chercher des soins médicaux nécessaires.
Depuis le début des raids de l’ICE dans le sud de la Californie le 9 juin dernier, Gavin Newsom a publié de nombreux messages sur les réseaux sociaux dénonçant les actions de Trump, notamment le déploiement de la Garde nationale et de marines supplémentaires dans le comté de Los Angeles, en dépit de ses objections. Ces échanges médiatiques ont été marqués par des critiques et des insultes mutuelles, à mesure que des officiers de l’ICE ont mené des opérations dans plusieurs villes, de Los Angeles à Paramount, en passant par Downey et San Bernardino.
Plusieurs élus de l’État ont condamné ces mesures, à commencer par le sénateur démocrate Alex Padilla, membre de la sous-commission sur l’immigration du Sénat, qui a été expulsé de force lors d’une conférence de presse organisée par la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, le 12 juin. Après cette altercation, Padilla a publié un message et une vidéo sur la plateforme X (ex-Twitter), dans lesquels il a exprimé son outrage : « Si l’on traite ainsi un sénateur américain qui pose une question, qu’est-ce qu’il en est pour un citoyen ordinaire qui ose s’opposer ? Nous devons demander des comptes à cette administration. »
Dans une autre vidéo, Padilla déclarait : « Si c’est ainsi que cette administration répond à un sénateur qui veut simplement poser une question, on peut imaginer ce qu’elle fait à des travailleurs agricoles, des cuisiniers ou des travailleurs manuels à travers la Californie et le reste du pays. Nous exigerons des comptes auprès du gouvernement federal. »
La Californie a porté plainte contre Trump en raison de l’envoi des troupes de la Garde nationale, même si un juge fédéral a initialement statué en faveur de l’État. Cependant, une cour d’appel a temporairement suspendu cette ordonnance, empêchant ainsi la restitution du contrôle de la Garde à la Californie.
Partout dans l’État — et au-delà — des mobilisations populaires ont éclaté face à l’arrestation de plusieurs personnes opérée par des agents de l’ICE, dont le visage était dissimulé.
Kim Lewis, responsable de la politique de Californie pour le NHeLP, a affirmé : « Le Medicaid a pour objectif de garantir un accès aux soins indispensables à la survie. Utiliser ce programme comme instrument pour renforcer la politique d’immigration est une trahison de la confiance que les citoyens placent dans leurs services publics et représente une grave atteinte à la santé publique. Toute personne nécessitant un traitement devrait pouvoir l’obtenir sans craindre des raids de l’ICE. » Selon elle, cette semaine a été marquée par des opérations de déportation massives à Los Angeles, mais ces actions ne se limiteront pas à cette ville. Elle a conclu : « Ce qui se passe aujourd’hui doit nous inquiéter tous. »
En 2024, la Californie est devenue le premier État américain à étendre la couverture santé à des immigrants sans papiers à faibles revenus via son programme Medicaid, connu sous le nom de Medi-Cal. Toutefois, le mois dernier, Gavin Newsom a proposé de geler l’inscription des nouveaux bénéficiaires et d’instaurer une tarification par primes, dans une démarche visant à économiser plus de 5 milliards de dollars pour la prochaine année budgétaire. Si cette mesure est adoptée et entre en vigueur à partir de 2026, Medi-Cal ne pourra plus accueillir de nouveaux inscrits âgés de 19 ans et plus, ne bénéficiant pas d’un statut légal permanent.





