Divertissement

Garcelle Beauvais parle de l’accord Lifetime et n’aime pas le terme ‘Auntie’, controverses Bravo.

Garcelle Beauvais s’est imposée comme la figure centrale de Lifetime. Plus tôt dans l’année, il a été annoncé que son partenariat avec la chaîne serait prolongé: elle serait désormais à la fois interprète et productrice exécutive de deux nouveaux téléfilms. Sa démarche demeure inchangée: faire naître à l’écran des sujets importants à travers des œuvres cinématographiques.

Dans son tout dernier rôle, au sein du film Taken at a Truck Stop: A Black Girl Missing Movie, Beauvais prête ses traits à Kai, une tuque noire et obstinée, conductrice routière chevronnée et co-propriétaire de l’entreprise familiale. Lorsqu’une fille neurodivergente nommée Toy, appartenant à la nièce de sa sœur Madison, est enlevée par un prédateur en ligne, Kai se voit entraînée dans une poursuite effrayante. Dépourvues d’avancée des forces de l’ordre, Kai mobilise son réseau de routiers fidèles et son influence sur les réseaux sociaux pour lancer une opération de sauvetage à la base communautaire. Cette narration saisissante rappelle les réalités de l’exploitation numérique, la force des liens communautaires et les inégalités dans la couverture médiatique des disparitions de filles et de femmes noires. Cette itération de la série Black Girl Missing poursuit l’effort d’attirer l’attention sur des récits trop souvent ignorés et de mettre en lumière les écarts dans les dossiers touchant les personnes disparues, notamment lorsqu’elles appartiennent à des minorités.

Par ailleurs, l’actrice ne cherche pas à s’excuser pour son départ de la franchise Real Housewives. Dans un échange avec Shadow and Act (Pagesafrik.info), Beauvais s’est entretenue de son travail avec Lifetime et des raisons qui l’ont poussée à faire passer ses besoins personnels au premier plan.

Votre accord avec Lifetime s’est élargi et vous n’êtes pas seulement devant la caméra, mais aussi à la production. Qu’est-ce qui rend ce partenariat si porteur?

Garcelle Beauvais: Ils ont saisi le message initial que nous voulions transmettre avec le film Black Girl Missing. Ils comprennent l’objectif, ils disposent d’une audience fidèle et d’un profil démographique qui nous intéresse, alors cela devenait naturel. La collaboration se déroule sans friction, elle est fluide et enrichissante. Nous avons étendu le travail et c’est formidable de collaborer avec Lifetime. Franchement, je n’ai aucun reproche à formuler.

Aujourd’hui, la série Black Girls Missing est saluée par la critique. Ironiquement, je suis sur la Côte Est et nous avons aussi dû faire face à une affaire tragique de disparitions de Noires, comme Kada Scott, dont l’issue a été dévastatrice. Pensez-vous que des propositions comme celles de Lifetime ont donné davantage d’éclairage sur les histoires des personnes de couleur, alors que, par le passé, ce n’était pas le cas?

Oui, absolument. Le fait que Lifetime porte la vision de notre franchise a énormément contribué. Et puis, l’ampleur de la sensibilisation a évolué: beaucoup ne mesuraient pas l’écart entre les disparitions de personnes noires et brunes et celles d’autres communautés, ni l’ampleur de la couverture, ni l’urgence et la compassion qui leur sont accordées. J’espère que nous pourrons continuer à provoquer ce constat jusqu’à ce qu’une telle disparité puisse devenir une chose du passé.

Comment vous êtes-vous préparée pour ce rôle précis? En tant que mère, il n’a peut-être pas été difficile de comprendre le personnage, mais quelles étapes avez‑vous franchies pour vous immerger dans ce rôle plus “cru et intense”, et peut-être même dans la dimension qui vous passionne?

C’était exactement ce que j’aimais dans ce rôle. J’ai adoré incarner Kai: c’est une femme intrépide, sans détour, mais en même temps la dynamique familiale autour d’elle m’a profondément touchée. Son lien avec sa sœur m’a paru particulièrement riche: les relations entre sœurs et les rapports familiaux peuvent être complexes et nuancés, et j’ai apprécié explorer cela, tout comme la relation avec sa nièce. J’ai moi‑même de bonnes relations avec mes nièces et j’ai trouvé important de montrer une unité familiale. Puis il y a le fait que deux sœurs ont repris l’entreprise de camionnage de leur père; on n’imagine pas forcément les femmes comme conductrices de camions, mais il existe une grande communauté de femmes routières, et j’en suis ressortie avec un profond respect pour ce métier — le danger, la solitude, et les moments où l’on manque des moments importants en famille parce qu’on est sur la route. J’ai aimé de nombreuses facettes de ce récit, et j’ai aussi apprécié l’aspect neurodivergence de Toy, qui montre qu’on peut être différent et fonctionner normalement sans tabou.

Comment avez-vous géré l’équilibre entre les différents rôles que vous tenez dans ce film: actrice et productrice exécutive?

J’essaie de fonctionner par compartimentation. Sur le plateau, je suis actrice. Les décisions majeures avaient été arrêtées bien avant: réalisateur, budget, lieux, casting… tout cela était en place. Bien sûr, je ne suis pas seule productrice: il y a d’autres professionnels qui partagent la charge. En tant qu’actrice, je reste focalisée sur mon personnage, sauf si une situation demande mon avis ou une intervention particulière. Cette expérience m’a énormément appris, me poussant dans des directions que je n’avais pas explorées auparavant, et ce, malgré mon long parcours dans l’industrie.

Ce qui n’a cessé de vous fasciner lorsque nous discutions par le passé, c’est cette impression d’une résurgence de votre art après une période consacrée à la maternité et à des apparitions plus sporadiques à l’écran. Votre carrière semble être en pleine effervescence, mêlant jeu, production et animation. Comment accueillez-vous ce renouveau?

Si une amie ne me le rappelait pas de temps à autre — « prends le temps de contempler ce que tu as accompli » — je serais probablement toujours pressée par le prochain défi. Je suis avant tout une battante et j’aime ce que je fais. Je suis née sans connaître ce monde, et j’ose dire que j’y ai trouvé une véritable passion. Bien sûr, la maternité reste primordiale pour moi, et mes fils grandissent; ils ont de moins en moins besoin de moi physiquement, ce qui me donne l’opportunité d’explorer davantage de projets tout en conciliant ma vie de famille.

Et côté Real Housewives, comment voyez-vous les choses à présent? On a beaucoup discuté de l’affaire concernant Wendy Osefo et les récents développements autour des poursuites et des accusations. Que pensez-vous de ce qu’on appelle aujourd’hui le chemin “de Housewives à prison”?

C’est vraiment triste. La réalité d’une émission de téléréalité, c’est d’être pris dans une sorte de bocal: les gens pensent tout savoir de vous, veulent tout comprendre et analyser. Lorsqu’on ne se comporte pas comme prévu sur la plateforme, tout peut être dévoilé, et cela peut être douloureux à regarder. Triste, vraiment.

Vous avez quitté The Real Housewives of Beverly Hills. J’étais peinée de vous voir partir, car vous faisiez partie de mes favorites, et votre départ a été perçu comme une prise de position courageuse. En regardant en arrière, vous avez eu le sentiment d’être soutenue par la chaîne et par les casting? Avez‑vous ressenti que l’espace était sûr, surtout avec l’histoire que vous avez écrite en tant que première Afro‑Américaine à être une housewife à temps plein sur cette franchise?

Je ne peux pas parler de tous les détails, car je me retrouve sur d’autres projets, mais je me suis sentie soutenue par la chaîne, sans aucun doute. Il était temps pour moi de faire ce choix. Parfois, il faut choisir ce qui compte le plus pour soi, et pour moi, cela s’appliquait à ce moment-là.

Et maintenant, qu’avez‑vous envie de faire ensuite? Nous avons évoqué votre retour en force en tant qu’actrice, productrice et hôtesse; vers quel terrain souhaitez‑vous vous aventurer davantage?

J’éprouve une grande joie à produire, et j’aimerais continuer à le faire. J’ai même vendu quelques projets récemment, et mon objectif est de poursuivre cette aventure, tout en profitant de ma famille et en trouvant un équilibre entre travail et plaisir.

Et pour ce qui est de la téléréalité: serait‑ce envisageable à nouveau, peut‑être sous une forme différente, comme votre propre émission? Vous êtes entourée d’une dynamique familiale si intéressante.

Non. Je pourrais envisager d’héberger une émission de téléréalité, mais pas d’y participer en tant que candidate. Je préfère rester en dehors du casting tout en explorant le format en tant qu’hôtesse ou productrice.

Aminata Joly

Aminata Joly

Journaliste française, née au Congo, je m’intéresse aux dynamiques sociales, culturelles et politiques qui traversent les communautés noires, en France et ailleurs. À travers mes articles, je cherche à questionner les récits dominants et à mettre en lumière des voix souvent marginalisées. Mon travail s’inscrit dans une démarche engagée, documentée et résolument antiraciste.