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La sage-femme Aiyana Davison présente « Voix de la maison du village : une histoire de sage-femmes »

Alyssah Hall

Dans l’ensemble du pays, en 2021, on comptait 13 409 sages-femmes certifiées (infirmières et sages-femmes) ainsi que 3 195 étudiantes dans le domaine, selon les dernières statistiques du Government Accountability Office (GAO) des États-Unis. Parmi ces 13 409 professionnelles certifiées, seules 7,3 % sont de racialisation noire ou africaine-américaine. En mai 2025, un rapport intitulé « Où sont toutes les sages-femmes noires ? » publié dans la revue spécialisée Journal of Obstetric, Gynecologic, & Neonatal Nursing, a mis en lumière le sous-représentation des sages-femmes noires dans le contexte américain. Ce document souligne que, malgré des études démontrant que la présence de sages-femmes peut améliorer notablement les résultats liés à l’accouchement, comme la diminution des naissances prématurées et la mortalité maternelle chez les femmes noires, en 2021, seulement 12 % de toutes les naissances dans le pays ont été suivies par des sages-femmes.

Cependant, aucune donnée précise ne permet actuellement de connaître le nombre exacte de ces naissances assistées par des sages-femmes noires. La question de la disparité en matière de santé maternelle demeure cruciale, comme l’explique Aiyana Davison, sage-femme certifiée (CNM) et fondatrice de l’organisation Village House, Inc. Selon elle, « lorsqu’on parle des inégalités en santé maternelle, on évoque souvent des chiffres. La situation aux États-Unis est préoccupante, et ce n’est pas uniquement concernant les femmes noires. Nos indicateurs en matière de santé maternelle ne sont pas bons… Un des éléments clés qui influe sur cela, c’est la garde par des sages-femmes. »

L’organisation Village House propose notamment des services liés à l’accouchement à domicile, et Davison manifeste le désir d’élargir ses activités en créant un centre de naissance. Ce projet, qu’elle envisageait déjà pendant ses études en soins infirmiers, vise à établir un espace de soutien fiable et bienveillant pour les familles en période d’accouchement, les personnes recherchant des soins de reproduction, les étudiants en sage-femmerie, ainsi que les professionnels du secteur, en leur offrant un accompagnement holistique, communautaire, complet, et à fort impact social. « Quand on regarde d’autres pays, on constate qu’ils affichent des taux de mortalité maternelle bien plus faibles que les nôtres. La différence majeure, l’un des facteurs déterminants, c’est la présence de sages-femmes dans leur système de soins », affirme Davison.

Une mission pour sensibiliser et soutenir la communauté noire en matière de santé reproductive

Davison représente une minorité parmi la population des sages-femmes certifiées de race noire, qui compose seulement 7,3 % de l’ensemble. Elle s’investit activement pour faire connaître aux habitants locaux le paysage de la santé maternelle et partager la réalité du métier de sage-femme noire, en collaboration avec d’autres professionnelles issues de la même communauté dans la région de l’Inland Empire, où elles tentent de réduire les lacunes dans les soins périnataux malgré les nombreux défis.

En mai dernier, Davison a organisé un événement communautaire mettant à l’honneur les sages-femmes noires et leurs parcours de vie. Appuyé par Planned Parenthood Pacific Southwest et Repro TLC, cet événement baptisé « Voix des sages-femmes : une histoire de village » comportait des tables rondes modérées avec d’autres sages-femmes et professionnelles du domaine, qui ont partagé des témoignages personnels illustrant ce qu’être sage-femme noire signifie concrètement.

Exemples de collaboration et d’engagement communautaire

Parmi les intervenantes, Charlette Withers, MSN, CNM, et Celest Winfrey, LM, CPM, IBCLC, ont raconté comment les sages-femmes noires œuvrant à domicile peuvent travailler en synergie avec celles exerçant en milieu hospitalier, pour garantir un meilleur suivi à leurs patientes. Winfrey a évoqué un cas où une cliente souhaitait accoucher chez elle mais se trouvait à 42 semaines de grossesse, le bébé n’étant pas encore prêt. Selon elle, lors d’un accouchement à domicile, la sage-femme dispose généralement d’un délai de 41 à 42 semaines avant d’orienter la femme vers un hôpital pour une induction. Elle a pu contacter Charlette Withers, qui connaissait une sage-femme noire exerçant à proximité, afin de s’assurer d’une prise en charge adéquate pour la patiente. Grâce à cette coordination, la patiente a pu bénéficier d’un accompagnement sécurisé, évitant ainsi des complications potentielles.

La solidarité communautaire est essentielle dans ce contexte, comme l’indique Withers : « C’est ça, l’essence même de la communauté. Briser les barrières et les divisions, c’est ce qui nous permet de progresser. Tout le monde ne peut pas forcément accoucher chez soi ou dans une maison de naissance. Lorsqu’ils ne peuvent pas, il faut qu’ils aient toujours accès à une sage-femme pour un accompagnement professionnel. » Elle insiste aussi sur la diversité des services que peuvent offrir les sages-femmes et qui restent souvent méconnus, tels que le dépistage du cancer du col de l’utérus (frottis cervicaux), la recherche d’infections sexuellement transmissibles, l’accompagnement à l’avortement, la thérapie hormonale ou la prise en charge des fibromes utérins.

Une vision holistique de la sages-femmerie

Pour Davison, la pratique sage-femme dépasse largement le cadre de l’accouchement. « La sage-femme ne se limite pas à accompagner la naissance, cela peut couvrir tout un spectre de soins à différents moments de la vie. C’est un métier qui a une dimension transformative », explique-t-elle. Elle rapporte avoir conseillé des femmes aussi jeunes que 13 ans ou aussi âgées que 80 ans, montrant l’étendue de son engagement. La variété des soins offerts montre que la sages-femmerie peut intervenir à toute étape, dans des contextes variés, en apportant un véritable soutien psychologique, émotionnel et médical.

Une photo illustrant une sage-femme en pleine action témoigne de cette diversité d’intervention, tandis que Davison souligne : « J’ai la chance de connaître Aiyana et de ressentir à travers elle toute la passion que la sages-femmerie peut véhiculer. Lorsque j’étais étudiante en soins infirmiers, j’ai eu l’opportunité de travailler dans une maison de naissance, et c’est là que tout a commencé pour moi, ce qui m’a donné envie d’en faire mon métier. Aujourd’hui, je soutiens les femmes en tant que doula et accompagne leur parcours. »

Tout en poursuivant leurs efforts pour faire connaître leur profession et leur contribution essentielle à la santé maternelle, Davison insiste sur leur engagement au service de la communauté locale : « J’espère que la communauté comprendra que nous, les sages-femmes noires, sommes là pour elles, pour le soutien et le respect de leur parcours. Nous sommes soutenues par la communauté, et nous souhaitons que davantage de jeunes veuillent suivre cette voie. La sages-femmerie est une clé pour améliorer la santé des mères, défendre les droits reproductifs et faire une réelle différence dans la région. »

Pour celles et ceux qui souhaiteraient soutenir l’œuvre de Village House, il est possible de consulter leur site Internet pour en savoir plus sur leurs actions et faire un don afin de contribuer à leur projet.

[Il n’y a pas de sections supplémentaires ou d’autres contenus à mentionner.]

Aminata Joly

Aminata Joly

Journaliste française, née au Congo, je m’intéresse aux dynamiques sociales, culturelles et politiques qui traversent les communautés noires, en France et ailleurs. À travers mes articles, je cherche à questionner les récits dominants et à mettre en lumière des voix souvent marginalisées. Mon travail s’inscrit dans une démarche engagée, documentée et résolument antiraciste.